Question orale de Madame Stéphanie Paulissen (DéFI) : Les mesures de soutien aux élèves dans nos écoles suite à la crise sanitaire

Monsieur le Président,
Mesdames Messieurs les Echevin.e.s,
Monsieur le Bourgmestre,
Cher.e.s Collègues,
Une récente étude menée en Wallonie faisait le constat suivant : les difficultés à l’école s’accumulent depuis la crise Covid, avec pour conséquence un décrochage scolaire lié à l’enseignement à distance pour 46% des ados et une perte de motivation pour 64% d’entre eux.
Il y a un an, la Commune prenait des mesures inédites à l’égard de ses habitants et des secteurs les plus touchés par la crise du coronavirus, en ce compris ses élèves avec notamment :
  • la livraison de manuels et livres pédagogiques à 1.360 élèves pour les élèves inscrits dans nos écoles ;
  • la mise en place d’une stratégie sans précédent pour venir en aide aux élèves en difficultés avec le dispositif gratuit « Echec à l’échec » organisé à l’échelle communale et proposé à tous les Auderghemois de la 1e primaire à la 3e secondaire ;
  • l’organisation d’une remédiation accrue dès la rentrée 2020 et durant toute l’année scolaire.
Mes questions sont donc les suivantes :
  • Ces mesures ont-elles fait l’objet d’une évaluation ?
  • Le cas échéant, quel bilan pour l’année 2020-2021 et quelles perspectives pour l’année 2021-2022 pouvez-vous en tirer ?
Je vous remercie pour vos réponses.
Stéphanie PAULISSEN
Conseillère communale - DéFI
  • Réponse de Madame Élise Willame, Échevine
Bonjour Madame la conseillère,
Je vous remercie pour vos questions qui mettent en lumière une thématique importante dans le cadre de la crise sanitaire, à savoir l’accompagnement des élèves en difficulté.
Je vais tout d’abord passer en revue les évaluations des différents éléments de votre question.
Concernant le décrochage des élèves.
Il est à noter que la commune d’Auderghem à charge d’écoles fondamentales uniquement. Dans ce cadre, nos élèves ont eu la chance (hors fermetures exceptionnelles de classe ou d’école) de toujours avoir eu cours en présentiel. Nous ne constatons donc pas de perte de motivation particulière chez nos élèves.
Pour ce qui est du décrochage scolaire en revanche, nous relevons de lourdes et importantes difficultés dans le chef d’une importante partie de nos élèves. En effet, nous constatons depuis le confinement des écarts de niveau particulièrement marqués entre les élèves d’une même classe. Il est probable qu’un des facteurs de cette différence de niveau soit lié à l’attitude des familles pendant le confinement, certains parents s’étant parfois énormément investis dans un suivi scolaire tandis que d’autres n’en ont pas eu les moyens.
Si cette différence de niveau marquée entre les élèves était déjà une triste spécificité du système scolaire belge francophone avant le COVID, c’est à une situation encore bien pire à laquelle doivent désormais faire face nos équipes.
Concernant « la livraison de manuels et livres pédagogiques à 1.360 élèves pour les élèves inscrits dans nos écoles ».
A l’époque, loin de nous douter que cette pandémie durerait aussi longtemps, nous avions choisi d’offrir à nos élèves non pas des cahiers et manuels, mais plutôt des livres plaisir. Notre intention était d’inviter à la lecture, de garder le contact avec les familles, de prendre soin de nos élèves. Notre intention était, tout comme pour le blog que nous avons tenu à ce moment, de ne pas alourdir ce confinement de travaux scolaires, mais bien d’inviter à en profiter pour partager des expériences (littéraire dans ce cas) en famille, de continuer à alimenter la curiosité naturelle des enfants au travers des livres.
Indéniablement, au vu des nombreux et positifs retours que nous avons reçus, l’expérience se sera montrée bénéfique et profitable et aura été appréciée d’un très grand nombre de familles.
Notons toutefois qu’après les congés de Printemps, constatant que le confinement se prolongeait, nous avons revu cette stratégie qui n’était souhaitable que dans un court terme.
Concernant « la mise en place d’une stratégie sans précédent pour venir en aide aux élèves en difficultés avec le dispositif gratuit « Echec à l’échec » organisé à l’échelle communale et proposé à tous les Auderghemois de la 1e primaire à la 3e secondaire »
Nous sommes heureux de pouvoir témoigner ici du franc succès de cette initiative que nous avions alors baptisée « Coup de pouce » et qui a profité à tous les élèves Auderghemois, petits et grands, francophones comme néerlandophones.
Ce dispositif a connu un vrai succès puisque nous avions alors comptabilisé plus de 300 inscriptions. Bien que cette entreprise se soit avérée audacieuse dans ses ambitions (et en particulier au regard du temps record dans lequel elle a été montée), nous n’avons eu à souffrir d’aucun problème majeur et avons pu contenter quasiment toutes les demandes.
Cette action donnait une priorité aux enfants les plus fragiles et nous avions pour cela impliqué les enseignants qui ont parfaitement joué le jeu.
Deux ombres au tableau toutefois : d’une part, nous ne sommes pas dupes et avons conscience de ce que ces quelques heures de cours (quasiment) particuliers, même si elles sont extrêmement précieuses, ne pouvaient à elles seules combler des mois de confinement et, d’autre part, le taux d’absentéisme relativement élevé des inscrits (pas loin de 40%) qui a toutefois été contré par les nombreux appels téléphoniques de nos équipes et la récupération d’élèves en difficulté qui ne s’étaient pas inscrits.
Concernant l’organisation d’une remédiation accrue dès la rentrée 2020 et durant toute l’année scolaire
La commune a recruté cette année quatre professeurs de remédiation supplémentaire (un par centre scolaire) pour venir en aide aux élèves en difficulté. Dans ce cadre, nous avons tenu des réunions avec les équipes de remédiation ainsi que les équipes enseignantes pour baliser au mieux le travail à fournir et le soutien à apporter aux enfants. Dans ce cadre, nous avons choisi de ne pas sortir les élèves de leur classe, mais avons préféré leur fournir soit du temps supplémentaire (après l’horaire habituel), soit une aide supplémentaire en classe (avec le soutien d’un second professeur en co-enseignement).
Ce dispositif aura toutefois donné des résultats mitigés pour diverses raisons liées tant à la situation exceptionnelle, qu’à la difficulté de collaborer efficacement alors que les contacts sont interdits ou fortement limités ou encore à la grave pénurie qui touche le corps enseignant.
Néanmoins, ces difficultés vécues cette année auront été formatives à plus d’un titre et, à la lumière des succès également rencontrés (en particulier avec le dispositif particulier mis en place au CS Les Marronniers), nous parviendrons probablement sous peu à la création d’un dispositif aussi inédit qu’efficace, qui nous permettra d’éviter les écueils relatifs à la remédiation telle qu’envisagée habituellement.
Une réflexion est en cours avec les directions d’écoles, notre conseiller pédagogique et notre orthopédagogue à propos d’une stratégie commune à mettre en place en matière d’accompagnement de nos élèves pour l’année scolaire 2021-2022.
  • Réponse de Madame Jeannine Crucifix, Échevine
En 2020, l’ASBL « Le Pavillon » a reçu la somme de 40.000€ par le biais de la COCOF afin de soutenir et renforcer le soutien scolaire.
Ce financement a permis l’engagement d’un professeur de mathématique et de français durant 6 mois en soutien aux adolescents fréquentant « Le Pavillon ».
Les perspectives pour l’année 2021-2022 sont :
Plusieurs appels à projets ont été lancés par PERSPECTIVE Brussel permettant un soutien collectif à la scolarité . Le second projet est un projet de soutien scolaire adapté et ciblé aux jeunes en situation précaire, plus exposés au risque de décrochage scolaire. Ces projets doivent être menés en dehors de l’école et soutenus par une ASBL.
Le dossier de candidature doit être rentré pour le 15 juin 2021 et le projet sera valable pour le triennat prochain, du 01 /01//2021 au 31/12/2024.
Le Pavillon en partenariat avec le service Prévention va rentrer l’appel à projets.
  • Réponse de Monsieur Didier Molders, Échevin
Nous avons décidé de renforcer l'école de devoir par l'engagement d' un animateur mi-temps niveau B qui vient pallier à l'absence des bénévoles (dont la plupart a plus de 65 ans) qui ne venaient plus dans les EDD en période de pandémie, cette animatrice travaille depuis septembre 2020 et circule d'une EDD à l'autre en fonction des besoins de renfort.
Nous avons augmenté la charge horaire d'une de nos animatrices (passant d' ½ ETP à un 4/5 T) qui a la charge de coacher les parents d'enfants pour leur suivi scolaire. En effet, nous avons constaté que les enfants de première et seconde primaire, s'ils n'avaient pas de suivi parental, risquaient d'être fortement pénalisés dans leur apprentissage. Aussi, cette animatrice organise des réunions avec les mamans pour les aider à lire le journal de classe, accompagner les enfants dans la lecture et l'écriture. Cet exercice est actuellement très prometteur, car cela rend les parents plus proactifs et coresponsables de l'apprentissage de leur enfant.