Le constat est tristement connu : en Belgique, 1 enfant sur 5 est en surpoids, 1 sur 20 est obèse. Plus surprenant : il existe un lien direct entre le statut pondéral des enfants et la présence de fast-food à proximité... des écoles ! Telles sont les conclusions d’une étude publiée par Sciensano en 2022. Face à l’hyper-développement des chaînes de restauration rapide, la commune a donc décidé de lutter contre le phénomène. Une première en Belgique.
Le secteur connaît actuellement une phase d’hyper-développement : d’ici 5 ans, on estime que la Belgique comptera 250 restaurants de chaînes de fast-food supplémentaires. Les enseignes de fast food affirment ne pas cibler les plus jeunes, mais c'est faux, d'après les chercheurs de l'étude Sciensano, et force est de constater que nombre de ces enseignes s’installent à proximité immédiate des écoles. Un choix d’implantation qui a un impact direct sur les comportements alimentaires des enfants.
« Ce sont les plus jeunes ainsi que ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés qui en sont les premières victimes », explique la Bourgmestre. « Bien sûr, les fast-foods ne sont pas les seuls responsables. Mais on ne peut pas laisser ces enseignes façonner les habitudes alimentaires de nos enfants. Il suffit de regarder les affiches en rue ou les publicités sur les réseaux sociaux pour comprendre que les jeunes sont une cible privilégiée du marketing de la malbouffe. C'est à nous de les en protéger. »
La commune a donc décidé de lutter contre la prolifération des enseignes de restauration rapide. Et pour cela, elle touchera à leur modèle économique.
Les établissements implantés à Auderghem devront s’acquitter d’une taxe annuelle de 12 000 euros. La somme sera doublée si l’établissement en question se situe à moins de 100 m d’une école. C’est la première fois qu’en Belgique, une commune agit ouvertement contre la prolifération des enseignes de fast-food. « C’est un précédent qui pourrait inspirer d’autres communes. On s’attend donc à de la résistance de la part des enseignes mais rien ne nous arrêtera : nous irons jusqu’au bout. »
On notera enfin que la Région bruxelloise a recalé la première mouture du texte, approuvée en septembre par le Conseil communal. « Ce n’est pas la taxation en tant que telle qui bloque, mais le fait que nous voulions lever une nouvelle taxe alors que nos finances sont saines. C’est absurde, d’autant que, comme toutes les communes, Auderghem fait face à de grosses difficultés et incertitudes pour l’an prochain suite aux mesures de l’Arizona », constate la Bourgmestre qui s’indigne de ce contretemps. « Une nouvelle version du rapport explicatif a été transmis à la Région. »
